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Les Pardons de Locronan, roman

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LES PARDONS DE LOCRONAN

roman d’Edouard Brasey (Calmann-Lévy, collection “France de toujours et d’aujourd’hui”, 2 mai, 2013).

Jeu de l’oie fatal sur le parcours d’un pèlerinage breton.

Juillet 1911. Des milliers de pèlerins se pressent à Locronan en Bretagne, dans le Finistère, pour participer à la Grande Troménie, le pardon en l’honneur de saint Ronan qui a lieu tous les six ans. La jeune Linette a quitté son atelier de tissage pour prêter mainforte à son père qui tient la plus grande auberge de la ville.
Elle est courtisée par Yves, un artiste peintre qui se fournit chez elle en toile de lin pour ses tableaux, et par Auffroi, le fils du plus gros marchand de textiles de la région. Mais elle est fascinée par Tanguy, un nouveau venu qui ne cache pas son mépris pour la ferveur religieuse des fidèles. Pour lui, le circuit de la Troménie viole le territoire sacré des anciens druides.
Quand, au lendemain de la procession, le puits de la place de l’Église est empoisonné, terrassant plusieurs pèlerins, Tanguy attire tous les soupçons. Seule Linette ne croit pas à sa culpabilité. Pourtant les événements inquiétants et les crimes s’enchaînent au fil de la semaine, et la vie de la jeune fille ellemême est menacée. Qui poursuit la petite ville de sa haine ?

Après le succès des Lavandières de Brocéliande, Édouard Brasey s’impose, par son sens consommé du suspense et du drame, comme le nouveau grand romancier de la Bretagne dont il sait mieux que personne rendre tangible l’héritage celtique immémorial.


LIRE UN EXTRAIT DU ROMAN:

- C’est un garçon ! s’exclama la commère en brandissant à bout de bras le nouveau-né dont elle venait de trancher le cordon d’un geste sec. Comment vous allez l’appeler ?

Au carillon de l’église, les douze coups de minuit venaient d’égrener leurs tintements joyeux.

- On est déjà le 25, reprit l’accoucheuse en ligaturant le cordon du petit. C’est Noël ! En ce cas, vous avez pas le choix. Faut l’appeler Nedeleg[1] !

Barbe Le Cam tourna la tête vers l’enfant à qui elle venait de donner le jour. L’accouchement avait été long et douloureux. On aurait dit qu’on lui transperçait le ventre, qu’on lui enfonçait un long tison enflammé dans les entrailles. Si la maison n’avait pas été excentrée, ses cris auraient alertés tout le village. Heureusement, la commère était venue dès les premières contractions.

C’est elle qui, en l’absence des médecins et sages-femmes n’officiant que dans les grandes villes, libérait les parturientes de toute la région. Elle savait y faire, depuis le temps. Faire bouillir l’eau, palper le ventre rond pudiquement recouvert d’un drap blanc, mesurer l’ouverture des voies naturelles en s’aidant des trois doigts dressés de sa main droite, exhorter la femme en travail à pousser, pousser, pousser… Lorsque le fœtus pointait enfin l’extrémité de son crâne, l’affaire était presque gagnée. Il suffisait de l’envelopper de ses mains arrondies en conque, de l’accompagner, le guider, le tirer à elle. Tout englué de placenta, le bébé jaillissait du cocon maternel comme une source souterraine trop longtemps contenue. Elle avait fait ça cent fois, sans jamais une seule complication.

- Il est tout bleu, remarqua la mère, déjà inquiète. Il est bien vivant ?

Parfois, les enfants étaient déjà morts dans le ventre de leur mère. Ceux-là étaient les plus difficiles à sortir, car ils n’aidaient pas. D’autres fois, ils décédaient dès les premières heures, ou les premiers jours. Pour cinq nouveau-nés, un au moins s’en retournait aussitôt dans les limbes. Mais l’accoucheuse n’y était pour rien. Elle, elle n’était qu’une passeuse, elle aidait les petits d’hommes à franchir la porte de la vie. Ce qui arrivait ensuite ne la regardait pas. Dieu donnait, mais pouvait reprendre aussitôt. C’était comme ça, et rien ni personne ne pouvait aller contre.

- C’est normal, répondit la commère en basculant le poupon la tête en bas et en lui claquant les fesses pour provoquer les vagissements. Ils sont toujours comma ça, au début. Des fois, ils sont écarlates comme des lapins qu’on vient d’écorcher. J’en ai même vus des violets. On aurait dit des betteraves. Mais après, ils sont tous roses comme des porcelets.

La matrone abattait vigoureusement sa main droite sur l’arrière-train du bambin, mais ce dernier ne condescendait toujours pas à crier.

- Ca, c’est bizarre, fit-elle en fronçant les sourcils, qu’elle avait épais et noirs, se rejoignant au-dessus des yeux. Il a l’air en pleine santé, il gigote tant qu’il peut, mais on dirait qu’il a perdu sa langue. Quand je leur flanque la rouste, ils se mettent à brailler comme des porcs qu’on égorge. Mais là, pas un bruit. Ma foi, ça finira bien par lui venir, comme aux autres. Après tout, c’est l’enfant du miracle…

« L’enfant du miracle ». Ainsi avait-on surnommé, dès avant sa naissance, le rejeton de Barbe Le Cam. Il est vrai qu’elle avait depuis longtemps passé l’âge d’être grosse. Et son homme, Eliaz Le Cam, n’était pas non plus un perdreau de l’année. Certaines mauvaises langues avaient fait leur miel de cette fécondité tardive, déblatérant à l’infini sur les pratiques obscures qui avaient pu y présider.

Il faut dire qu’Eliaz était sourcier de son état. Sourcier et sorcier, c’est presque pareil. Celui qui ressent le passage de l’eau souterraine, qui sait en déterminer le chemin et le débit avec le seul soutien de sa baguette de coudrier, sait aussi guérir les zonas, calmer les brûlures, déterminer à l’avance le sexe des enfants. Il parvient à distinguer les trois cents espèces de furoncles et préconise les sources précises qui les guériront. Il connaît les choses secrètes, enfouies tout au fond de la matière ou du cœur des hommes. Il est le maître des mystères. Cela lui confère sur le monde et les gens un pouvoir formidable. Y compris celui de redonner vigueur à un ventre stérile.

Le recteur de la paroisse avait fait taire ces racontars en invoquant, au cours d’un prêche, l’exemple de Sarah qu’Abraham avait engrossée alors qu’elle avait près de cent ans. Isaac était né de cette union improbable. Les desseins de Dieu sont impénétrables.

- Je peux le tenir un peu ? quémanda Barbe, malgré l’extrême lassitude qu’elle éprouvait après ces heures de lutte avec cette part d’elle-même qu’elle était enfin parvenue à expulser.

- Faut que je le baigne, d’abord, fit la commère en plongeant le moutard dans l’eau tiède. Et puis que je lui masse la tête, pour pas qu’il se retrouve avec un crâne allongé. Après, je dois le langer, en lui serrant très fort les jambes et les reins. Vous voulez pas d’un bancal ou d’un boiteux, pas vrai ?

C’était l’usage, en effet, d’emmailloter étroitement le corps des nouveau-nés dans des langes et des bandelettes pour leur « donner la forme », leur fortifier les membres et les empêcher d’avoir mal au ventre. On les plaçait ensuite dans un berceau qu’ils ne quittaient pas avant d’avoir dépassé leur première année. La mère les allaitait, les changeait, les berçait en leur chantant des comptines tout en filant sa quenouille, les emportait dans un panier qu’elle accrochait à une branche d’arbre lorsqu’elle devait travailler aux champs. Ce n’est qu’au cours de la deuxième année que les enfants étaient démaillotés et, lorsqu’ils commençaient à marcher, accoutrés d’une robe brodée, qu’ils soient filles ou garçons. Ces derniers n’avaient droit au pantalon rayé, à la veste courte et au chapeau de velours que lorsqu’ils avaient six ou sept ans révolus.

- Et Eliaz ? Qui c’est qui va le prévenir ? argumenta encore Barbe, qui se sentait soudain très seule, sans son bébé dans le ventre ni son mari à ses côtés.

- Vous en faites pas ! la rassura la commère en appliquant ses deux pouces sur les tempes de l’enfançon pour lui modeler le visage. La cloche a sonné. Le petit Jésus est né. La messe est bientôt terminée. Votre Eliaz, il aura un beau cadeau à son retour !

Les pères n’assistaient jamais à l’accouchement de leurs épouses. C’était là une affaire de femmes dont ils étaient exclus. Ils ne pouvaient tenir leur enfant dans les bras que lorsqu’il était présentable, dûment lavé et correctement langé.

La commère interrompit son massage et, avec un clin d’œil à l’attention de Barbe, ajouta :

- Eh ! Votre Nedeleg, il va p’t’être entendre le langage des oiseaux, qui sait ? Après tout, c’est la noz petquent…

La noz petquent, « La nuit des merveilles » : ainsi nommait-on la veillée de Noël, où des évènements extraordinaires avaient lieu. Entre le premier et le douzième coup de minuit, les cromlec’hs dansaient en rond le dans an dro au sommet des montagnes chauves, tandis que les menhirs s’arrachaient tous seuls de leurs socles et s’en allaient boire dans les rivières ou l’océan, laissant à qui voulait l’occasion de s’emparer des trésors qu’ils recelaient. Mais à peine le douzième coup sonné, ils reprenaient leur place et écrasaient le voleur trop gourmand qui avait tardé à quitter la cachette.

Dans la baie de Douarnenez voisine, on entendait retentir les cloches de la ville d’Ys engloutie sous les flots. On disait que saint Corentin venait, comme chaque année, célébrer la messe de minuit dans la cathédrale submergée pour les habitants maudits réduits à l’état d’âmes en peine. Il aurait suffit qu’un mortel suffisamment courageux pour plonger dans les flots noirs assiste à la messe fantôme et prononce à son issue ce simple mot : « Amen », pour qu’Ys ressurgisse au grand jour dans toute sa beauté et devienne la capitale, non seulement de la Bretagne, mais de la France entière.

On disait aussi que, cette nuit-là, les animaux se mettaient à parler couramment le langage des hommes, et proféraient des vérités qui n’étaient pas toujours bonnes à entendre. Et les enfants nés durant la nuit des merveilles avaient le pouvoir de comprendre le langage des oiseaux, qui est un langage de sagesse et de vérité.

Tout cela, bien sûr, c’étaient des légendes, et l’on y croyait sans y croire. Mais on ne sait jamais… Le monde est plein de mystères que l’homme ne soupçonne même pas.

- Voilà, il est propre comme un sou neuf ! s’écria la commère en serrant le nouveau-né contre sa poitrine généreuse. Il sait pas pleurer, mais à part ça c’est un beau p’tit gars que vous avez là. Et ces yeux ! Vous avez vu ces yeux ?

La matrone approcha l’enfant de sa mère, sans le lui confier, cependant, afin qu’elle contemple le regard profond qu’il portait déjà sur le monde.

Barbe amorça un geste de recul. Ces yeux n’étaient pas ordinaires. C’étaient des yeux immenses, baignés d’un bleu presque noir. Des yeux étrangement fixes, qui ne cillaient pas.

- Retirez-le ! bafouilla la mère en frissonnant. Je veux pas le voir. Il me fait peur !

La commère s’étonna de cette réaction mais n’en montra rien. Certaines mères, même si elles étaient rares, rejetaient leur progéniture après avoir mis bas, comme le font certains animaux. Il s’agissait la plupart du temps d’un état passager qui se dissipait aussi vite que les nuées courant dans le ciel. Après avoir dormi et récupéré leurs forces, elles réclamaient leur bambin à cor et à cri et le bichonnaient comme s’il s’agissait de la huitième merveille du monde, ayant complètement oublié leur refus premier, niant même l’avoir exprimé si on le leur rappelait. Tout finissait par rentrer dans l’ordre. Il suffisait d’être patient.

- N’empêche, pour un beau gars, c’est un beau gars, reprit la commère en allongeant le bébé sur la table de la cuisine afin de l’emmailloter à son aise. Et qui a déjà son caractère. Il fera parler de lui un jour ou l’autre, j’en mettrais ma main au feu. C’est pas un gars comme les autres. Il est… comment dire… spécial. Oui, c’est ça. Il est spécial, ce gamin. C’est pas étonnant, cela dit. Pour être né une telle nuit, faut déjà avoir une petite idée de ce qu’on va faire de sa vie…. Hein, Nedeleg ?

Barbe s’était retournée sur le côté, les yeux dirigés vers le mur, les mains posées sur son ventre apaisé. Elle essayait de ne penser à rien, de ne pas écouter les vaticinations de la commère, de s’endormir pour tout oublier, jusqu’à l’existence-même de l’enfant du miracle, en qui elle ressentait le poids d’une obscure malédiction.

Nedeleg ne pleurait toujours pas, malgré les bandelettes avec lesquelles la commère l’entravait comme si elle ficelait un gigot. Ses yeux immobiles étaient fixés sur sa mère qui feignait de l’ignorer.

CHEZ LE MÊME ÉDITEUR: LES LAVANDIÈRES DE BROCELIANDE (2012)

publié également chez France Loisirs, Le Grand Livre du Mois, Éditions VDB et, en 2014, Le Livre de Poche.

Un village est rattrapé par une terrifiante légende.

En ce matin de la Toussaint 1943, la communauté des lavandières de Concoret, petit village en lisière de la forêt de Brocéliande, est saisie d’effroi quand Gwenn, une jeune orpheline, découvre l’une de ses consoeurs noyée dans le lavoir. Dahud, la doyenne et mère de la victime, incrimine les lavandières de la nuit, ces créatures surnaturelles qui, dans les légendes bretonnes, lavent les linges ensanglantés de leurs enfants mort-nés. Mais les soupçons se portent sur deux suspects bien réels : Philippe de Montfort, jeune noble à qui l’on prête une liaison avec la défunte, et Loïc, un pauvre charbonnier bossu méprisé de tous. Les deux hommes inspirent à Gwenn, élevée par Yann, un vieux sage vivant dans les bois, des sentiments contradictoires : amitié, admiration, pitié ou amour ?
Quand Loïc est pourchassé par les S.S. qui l’accusent de terrorisme, Gwenn le conduit au Val-sans-Retour où se sont réunis, comme de nouveaux chevaliers de la Table ronde, de jeunes résistants réfractaires au STO. Mais la malédiction continue de poursuivre les lavandières de Brocéliande…

Dans ce roman haletant et envoûtant, Edouard Brasey nous entraîne sous les ombrages de la forêt de Brocéliande au coeur d’une Bretagne héroïque et mystérieuse.

Classé depuis un an dans les meilleures ventes romans de terroir sur le site de la Fnac.fr

CRITIQUES LECTEURS ET EXTRAITS DE PRESSE:

La Bretagne demeure un pays de légendes. C’est ce que rappelle le grand spécialiste du merveilleux, Edouard Brasey, dans son nouveau livre. (Philippe Vallet, “Le Livre du Jour”, France Info)

Pour réécouter l’émission:

http://www.franceinfo.fr/livre/le-livre-du-jour/les-lavandieres-de-broceliande-d-edouard-brasey-627229-2012-05-27

Difficile de vous présenter Édouard Brasey succinctement, son œuvre est déjà tellement complète. Je vous invite d’ores et déjà à consulter les chroniques concernant d’autres de ces livres, telle que l’incontournable petite Encyclopédie du merveilleux.

Ici ce n’est ni une encyclopédie ni un agenda, mais bien d’un roman dont il s’agit, bien que tiré d’un univers celtique et breton, un subtil mélange entre croyance populaire et contes de légende Arthurienne.

L’histoire commence en 1914 avec cinq jeunes gens se rendant à la fontaine de Barenton, une fontaine à vœux, afin d’y fiancer Edern et Solenn selon un rituel païen, accompagnés de Maëlle, Yann et Hubert. Mais le rituel tourne mal et provoque la colère de la fée nichait sous la source. Le tonnerre gronde et tous repartent accablés, avec la crainte que la fée de la fontaine ne les ait tous maudit. Trente ans plus tard, nous retrouvons Maëlle, Hubert et Yann. Edern étant mort à la guerre et, Solenn qui, elle, serait morte de chagrin. Maëlle continue de penser qu’ils ont été maudits et que la nouvelle génération sera également touchée par cette malédiction. Annaïg, la fille de Maëlle, est alors retrouvé morte par Gwen, la jeune orpheline élevée par Yann. Les soupçons se portent alors sur Philippe, le fils d’Hubert, ainsi que Loïc, le charbonnier bossu. A cela viennent se mêler les vieilles croyances locales, ne serait ce par les lavandières de sang qui aurait emporté Annaïg ? 

J’ai vraiment été frappée et surtout happée par la fluidité de l’écriture de l’auteur. Les Lieux, que j’ai la chance de connaître, sont d’une incroyable fidélité. Ce livre nous offre un véritable voyage sur les terres de Brocéliande. Alors certes, les habitués de cette forêt luxuriante pourraient se dire que finalement, il n’a choisi que les lieux les plus touristiques, les plus visités. Oui mais non car c’est là tout le génie de son texte, c’est qu’il a su capter au mieux la magie de ces lieux singuliers en les agrémentant de la culture populaire qui donne à ces contrées d’autant plus de charme, ce qui donne envie de les connaître voir de les redécouvrir sous un œil nouveau, et pour cela je le remercie. Les personnages sont eux aussi tout aussi bien décrits, on les sent vivre dans les pages, on ressent comme jamais leurs émotions. L’intrigue est bercée par le folklore breton sur les lavandières de sang (ou de la nuit), des mères infanticides qui expient leur fautes, jusqu’à leur jugement dernier, les nuits de pleine lune.  L’intrigue se passe, pour une partie pendant la première Guerre mondiale, pour l’autre partie durant la seconde. A cette époque, les croyances populaires tiennent plus du folklore. Pour les jeunes lavandières de Concoret, ce folklore sert de badinage même si elles gardent les précautions d’usage à savoir ne pas approcher le lavoir les nuits de pleine lune de peur qu’une lavandière de sang ne les noie. Hormis ces croyances populaires, nous y retrouvons également en demi-teinte les légendes des Chevaliers de la Table Ronde.  Tout ceci vient enrichir l’intrigue, où tout y est très justement dosé.

Évidemment, je ne serais que trop vous conseiller la lecture de ce livre. Pour tous les amoureux de la forêt de Brocéliande, pour tous ceux qui veulent la connaitre et découvrir une partir des richesses bretonnes autant par son folklore que par ses légendes arthuriennes. Le tout nourri par une très belle intrigue, et raconter par un conteur hors pair qu’est Édouard Brasey (Mythologica.fr)

La première force du roman, c’est la forêt elle-même : Brocéliande, au coeur de la Bretagne mythologique, qui sert de décor au récit d’un drame populaire. Avec virtuosité et malice, Edouard Brasey révèle les secrets d’une région ancestrale qu’il connait bien, ouverte à la randonnée et à la rêverie. Ancré dans la réalité des lieux et le substrat des légendes arthuriennes, le roman est un passeport pour la visite, une carte parcheminée, même si certains noms ont été modifiés.
Autre facteur-clef de succès : l’arrière-plan historique. L’occupation nazie renforce la tension dramatique de ce fait divers local. En cette période tourmentée, où la France se divise entre collaborateurs et résistants, les trahisons font encore plus de tort à la psychologie des personnages que la mort elle-même. Edouard Brasey dresse ainsi un tableau rural très sombre où toute preuve d’humanité, au-delà des apparences, est une source d’enchantement.
Enfin, le pont entre tragédie du passé et croyances du présent est un ingénieux ressort narratif qui nous interpelle sur les fonctions du mystère. A notre époque où la science frise l’arrogance et l’homo sapiens se prétend tout-puissant, quel poids reste-t-il à notre imaginaire ? Faut-il croire aux légendes et aux traditions ? Peut-on y puiser de quoi éclairer nos vies ? Dans son roman aux envolées philosophiques, Edouard Brasey nous interroge sur le sens de la mort et le défi au temps.
Comme l’alchimiste, à force de travailler dans son laboratoire littéraire à la transmutation du plomb en or, Edouard Brasey serait-il parvenu à réaliser son Grand Oeuvre ? Un pavé philosophal jeté dans la mare… au diable ?
Olivier Valentin (Maisonshantées.blogspot.fr)

1943, fin fond de la Bretagne, un village envahi par les Allemands vit encore au rythme des légendes et mystères.
Une lavandière est retrouvée morte dans le lavoir communal, le lendemain du 31 octobre. Le soir où sortent les lavandières de sang, celles qui paient le fait d’avoir tuer leurs nouveaux-nés.
Mais tout cela est plus une affaire policière qu’un phénomène fantastique. Hélas, la rude vie de la période, les superstitions des gens faiblement éduqués, tout cela entraine des vengeances de basse engeance.

« Les lavandières de Brocéliande » ou comment on tient en haleine un lecteur alors que le livre est construit comme un épisode de Colombo : on connaît de suite le meurtrier.

Et pourtant, ce qui semblait un roman à l’histoire un peu simplette finit par vous happer. Dévorer en moins de 3 jours, j’avais pourtant cru que je ne passerais pas les 50 pages tant le début me semblait lent et le prologue bizarre.
Un peu comme ce que j’ai vu, à 10 ans, vers 5h du matin, en juillet, en route pour Quiberon : un lavoir fleuri de rouge et de rose, au milieu d’un village engourdi de sommeil et d’odeur de bon pain frais. Un moment magique : recevoir des croissants via le soupirail du boulanger, filer les manger devant l’eau du lavoir, qui semblait agitée… mais par quel lutin ?

Au final, rien d’étonnant que de volume soit dans une collection consacrée à la « France de toujours et d’aujourd’hui » : c’est un morceau d’histoires et d’Histoire, où Edouard Brasey utilise ses connaissances des folklores locaux pour créer une ambiance brumeuse. (Phénix.web)

Un roman au coeur d’une forêt légendaire Brocéliande… Ce seul nom fait résonner en nous l’écho des anciennes légendes arthuriennes mais aussi le vieux fonds légendaire breton. L’intérêt de ce roman foisonnant est de mêler intimement ces légendes bretonnes avec une période historique dramatique: la période de l’occupation en 1943. L’histoire commence dans la tradition d’un roman noir: une malédiction liée à la fontaine de Barenton à la veille de la guerre de 1914 s’acharne sur les protagonistes du roman trente plus tard. Un matin, une lavandière du village de Concoret est retrouvée noyée dans le lavoir du village. Accident, suicide ou crime? Les superstitions locales sont très présentes dans la communauté locale, et l’on invoque la légende des “lavandières de la nuit”, ou “lavandières de sang”, ces fantômes de femmes infanticides condamnées à venir laver les linges sanglants de leurs enfants morts-nés. Gwenn, jeune lavandière héroïne de l’histoire, va mener l’enquête et démêler le vrai du faux. Ce roman dense, plein de rebondissements, tient en haleine le lecteur jusqu’au bout, et le transporte au coeur d’une forêt sacrée, tour à tour inquiétante et bienveillante, avec des personnages forts et hauts en couleurs. Une façon de redécouvrir une Bretagne attachante et méconnue, loin des clichés touristiques habituels. (FNAC.FR)

Brocéliande appartient au mythe Arthurien : dans la légende, on y place une forêt mystique, mythologique qui aurait vu naître la Fée Morgane et Merlin l’Enchanteur. Cette région de France (Bretagne) est donc peuplée de légendes. C’est sans doute pourquoi Édouard Brasey, essayiste, romancier et Historien Français, spécialiste de l’étrange et du merveilleux, y a placé son roman. Entre le docu-fiction historiques et les mythes régionaux, nous sommes face à une intrigue policière passionnante aux personnages très bien construit et hauts en couleurs. (Place-to-be.fr)

Un roman où se mêlent Histoire et merveilleux Sur fond de guerre et d’enquête policière, Édouard Brasey dépeint habilement le quotidien d’un village en 1943 : la méfiance et le dégoût lorsque les soldats allemands viennent s’approvisionner dans les commerces, les mœurs strictes, les différents modes de vie du bourg à la lisière de la forêt, les mots de patois ou encore la façon de s’exprimer des différents personnages.
Car le livre ne vaut pas particulièrement pour le mystère qui entoure la mort suspecte de la jeune Annaïg mais davantage pour la reconstitution d’un village replié sur lui-même où chaque personne garde jalousement ses secrets.
L’auteur nous propose une immersion totale dans un village sous l’occupation. Si la présence allemande ternit clairement le paysage verdoyant et mystique de Brocéliande, ce n’est rien face aux a priori et aux commérages des villageois. Rien n’est meilleur pour tuer toute féerie que la nature humaine.   Beaucoup de personnages, peut-être trop… Outre un travail de reconstitution soigné, l’auteur propose une galerie de personnages très différents les uns des autres.
Au lieu de se contenter du regard de Gwenn sur les événements, l’auteur n’hésite pas à changer de point de vue à presque chaque chapitre.
Si cela permet de mettre en relief la complexité de certaines relations (Hubert de Montfort et sa future belle-fille, par exemple), les personnages employés peuvent donner l’impression de ne pas être assez creusés. Le lecteur reste alors sur sa faim.
Sans parler du fait que la jeune Gwenn, pilier central du roman, semble avoir été oubliée pendant quelques chapitres.   Attardons-nous sur ladite Gwenn : jeune, jolie, un franc-parler connu et reconnu à Concoret, orpheline, pleine de compassion, peu portée sur les commérages au contraire de ses consœurs lavandières…
Vous l’aurez compris, ce personnage sort trop peu des sentiers battus, il est tout simplement trop parfait… C’est d’ailleurs ce qui le rend si facile à laisser de coté pour plusieurs chapitres d’affilée.

En bref, un roman agréable qui vaut surtout pour l’immersion réussie dans un village dont les croyances oscillent entre catholicisme et superstitions liées aux légendes plutôt que pour l’enquête policière. Un riche panel de personnages bien qu’ils soient parfois trop peu exploités.
A noter, par ailleurs, l’ambiguïté bien menée entre phénomènes explicables et légendes mystiques.

Jacquemine Coquio (Actusf.com)

Avec ce roman, Edouard Brasey nous propose une intrigue où les légendes se mêlent à la réalité. Il ne s’agit pas d’un roman fantastique, mais plutôt d’un subtil mélange de roman policier et de folklore, où l’on voit que les vieilles croyances peuvent être bien arrangeantes pour désigner un meurtrier à la place d’un autre… Et on peut dire qu’en matière de légendes bretonnes, Edouard Brasey en connaît un rayon : l’Ankou, les lavandières, la quête du graal, le Val sans retour, la légende de la ville d’Ys, tous ces noms évocateurs se prennent dans les filets de son intrigue et offrent au lecteur un roman habilement mené, mystérieux et divertissant à souhait.

C’est un plaisir de retrouver la belle plume d’Edouard Brasey dans ce roman, même si, et c’est le seul reproche que je ferai à ce livre, son ton est parfois un peu trop didactique tant il semble brûler de partager avec le lecteur les trésors de ses connaissances en matière de culture bretonne.
Ecrite par Naolou le 26/07/2012 (Climaginaire.com)

Il était une fois cinq amis qui se rendaient à la fontaine de Barenton pour fêter joyeusement l’union de deux d’entre eux. Une belle histoire en somme… qui, malheureusement, tourne court car la fée de la fontaine ne l’entend pas de cette oreille.

« Les lavandières de Brocéliande », c’est un roman riche, à la frontière entre histoire fantastique, énigme policière, replacé dans le contexte de la Première mais surtout de la Deuxième Guerre mondiale. Récits de vies qui se croisent et s’entrecroisent avec toujours en arrière plan la magie de la forêt mythique de Brocéliande.

Décès, mauvais oeil, superstitions, haine et jalousie mais aussi amour, tout cela au travers de personnages dont on découvre les joies, peines et le désespoir de leurs existences brisées par un destin contraire.

D’une lecture facile, ce dernier roman d’Edouard Brasey mêle avec bonheur plusieurs genres différents qui s’allient en un cocktail vraiment plaisant.(Amazon.fr)

Ils étaient 5 amis mais la vie en ces temps de guerre va en décider autrement.
50 % de secrets de famille
25 % de suspense
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Ce qui nous donne 100 % de plaisir. (Amazon.fr)


[1] « Né à Noël ».

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